samedi 12 juin 2010

Ombres et lumières du football, par Eduardo Galeano


Et bientôt, le Mexique...



Matche nul entre la France et l'Uruguay.
Pour se rattraper un peu, je te propose, mon canaillou, de te procurer illico presto LE FOOTBALL, OMBRE ET LUMIERE, d'Eduardo Galeano l'Uruguayen.

A lire, en guise de mise en bouche, cette analyse de ce bijou non conformiste sur cette passion universelle.

Cet auteur, parce qu’il est engagé dans son siècle, ne pouvait éviter d’aborder le phénomène social que représente le football sur son continent et dans le monde, ce qu’il fit en 1995 avec Le football, ombre et lumière. Mais rassurez-vous : il ne s’agit pas de l’essai austère d’un « intellectuel » se penchant sur ce sport, mais d’un vaste tableau constitué de courts textes d’une à deux pages, comme autant de touches contrastées: de petits récits, des portraits, des anecdotes parlantes, des réflexions sur ses diverses facettes, qui témoignent de son amour, de sa profonde compréhension pour l’apport lumineux du football, qui n’empêche pas la lucidité sur ses aspects sombres, comme l’indique le titre. Et il vise juste dans les deux cas.

QUE VEULENT - ILS FAIRE DU FOOTBALL ?

De manière récurrente et toujours concrète, sans asséner de leçon, E. Galeano déplore la transformation d’un jeu qui participe de l’esprit d’enfance en machine rentable de spectacle (de moins en moins spectaculaire d’ailleurs !). Citant le Brésilien Joao Havelange, nouvellement intronisé président de la Fifa en juin 1974, qui affirme crûment : « Je suis là pour vendre un produit appelé football », il évoque le « sponsoring » et le « marketing » dans le football : « Les entreprises ont compris que le football est un langage universel qui peut contribuer à l’expression de leurs affaires dans le monde entier ». En rapport avec la « télécratie » : «par des moyens directs ou indirects, la télévision décide où, quand, et comment on jouera ».

Il rappelle à ce sujet la réflexion du même Havelange aux joueurs (Maradona, Jorge Valdano …) qui se plaignaient de devoir jouer par 40°C en plein midi au Mondial mexicain de 1986, pour que soit assurée la retransmission des matches en Europe aux heures de grande écoute : « Qu’ils jouent et qu’ils se taisent ! ». Il en profite pour pointer l’opacité des comptes financiers des institutions internationales ou des clubs dans la plupart des pays, à l’image des mouvements financiers internationaux vers les paradis fiscaux et autres pays à secrets bancaires en ces temps de « mondialisation ». Pour lui, si les joueurs professionnels gagnent aujourd’hui des sommes exorbitantes, ils en font gagner bien plus par leur activité à bien d’autres, sans qu’on sache alors les sommes.
Il dénonce le travestissement des joueurs en « publicité ambulante » : « aujourd’hui, chaque joueur est une publicité qui joue ». Il aurait pu aussi évoquer les stades transformés en vastes panneaux publicitaires.

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